Imaginez vous avec pleins de boites devant vous. Chacune correspond à une question existentielle : que suis je venu faire sur terre? Que se passe t il après la mort? Existe-t-il une force supérieure ? Etc… Certaines personnes ont moins besoin de remplir ces boîtes et donc d’avoir des réponses. D’autres personnes, pour se sentir bien ont besoin de remplir leur boîte et ont besoin de réponses. Le doute, l’incertitude leur sont inconfortables. Elles ont donc besoin de limiter l’incertitude. Elles vont donc chercher des éléments pour remplir ces boites jusqu’à croire certaines théories.
Le besoin de limiter l’incertitude est appelé en psychologie le besoin de clôture cognitive. Cette terminologie a été mise en avant en 1993 par le psychologue américain Arie Kruglanski. Le besoin de clôture cognitive signifie que notre esprit souhaite limiter l’incertitude, que nous avons besoin de savoir à quoi s’attendre. Ne pas savoir est angoissant. Nous avons besoin de réponses, comme nous avons besoin d ‘avoir des marqueurs temporels et divers éléments pour s’organiser.
Notre niveau de besoin de cloture cognitive est mesurable selon un questionnaire en 42 questions établi par Arie Kruglanski. Ce teste démontre que l’on reste assez constant dans le temps quant à nos besoin de clôture cognitive. Ce dernier tend à augmenter lorsque le contexte général comporte trop d’incertitudes. La période du confinement le démontre, par le nombre croissant d’adhésion aux théories du complot, qui donnent des réponses, du sens à une période de vie qui peut nous sembler comporter trop d’incertitudes. Un besoin de cloture cognitive est également corrélé à une adhésion aux stéréotypes et à l’autoritarisme. Les personnes qui développent une adhésion pour ces deux aspects ont peu d’assurance et recherchent une structure et souhaitent que la société soit dirigée par des hommes forts.
Plusieurs études en psychologie sur l’adhésion aux croyances religieuses ou autres, sous tendent que plus on a un besoin de cloture de cognitive, donc de réponses sur la vie, une quête de sens, de structure, plus nous sommes à même d’adhérer aux religions, à d’autres dogmes comme le new-age.
Les croyances de ce dernier, en effet, nourrissent le besoin de cloture cognitive par les idées qu’elles exploitent: les origines extra-terrestres de l’homme, expliquer la venue sur terre par le fait d’avoir une mission de vie, expliquer une relation amoureuse par la notion de flamme jumelle, expliquer le cheminement après la mort par la notion de réincarnation, de continuité de l’âme … Et surtout le new-age explique pourquoi on se sent si mal dans notre société par la notion d’enfant indigo. Bref, le new-age répond à tous les doutes que nous avons. Le new-age, ou tout autre groupe à caractère dogmatique, propose une lecture du monde, qui pour l’adepte ressemble en tout point à une structure, un ordre établi, qu’il ne retrouve pas dans la société conventionnelle. Ces croyances séduisent ceux qui cherchent des réponses et qui ne sont pas satisfaits de celles apportées par la société, qu’il peut voir comme désorganisée et ne lui permettant pas de trouver son sens.
Pour avoir plus d’informations:
https://www.cairn.info/revue-l-information-psychiatrique-2012-6-page-467.htm