Ces dernières années, les rapports de la Miviludes alertent sur le rôle joué par Internet et les réseaux sociaux dans la mise en place de dérives sectaires, notamment depuis 2020 et la crise de la Covid-19. Internet, ce formidable outil d’ouverture sur le monde et la connaissance est malheureusement devenu un terrain propice à de nombreuses dérives et à l’isolement.
Pour beaucoup d’anciens adeptes des théories new-age, Internet a joué un rôle majeur dans la prise d’information et dans la conviction grandissante en ces théories, jusqu’à se retrouver isolé du monde extérieur.
Il faut dire que ce milieu est devenu maitre à l’utilisation d’internet et notamment des réseaux sociaux, utilisés pour promouvoir une idée et/ou un produit. Sur Facebook, sur Youtube, sur Instagram et de plus en plus sur TikTok, nous retrouvons une profusion de contenus new-age. Entre les posts, les partages d’articles, les nombreuses vidéos et les groupes de discussion, les réseaux sociaux sont devenus pour le new-age une véritable vitrine, une porte d’entrée pour atteindre un public et tenter de les convaincre.
Au delà d’une présence accrue sur le web, on note également une utilisation massive des techniques de marketing digital pour appâter un futur abonné qui pourrait devenir un futur client.
Etre vu sur Internet, et notamment les réseaux sociaux, nécessite d’être constamment présent pour atteindre un plus large publique et être reconnu. Au delà de cet aspect purement marketing, Internet est l’un des seuls outils aujourd’hui permettant un partage sans frontières et de se faire connaitre.
Le Digital Rapport France 2023 a mis en évidence que les Français passent chaque jour 5h26 sur Internet dont 1h55 minutes sur les réseaux sociaux. Un temps énorme pendant lequel beaucoup de choses peuvent se passer. Ces chiffres sont une moyenne, et il n’est pas rare de voir des adeptes des théories new-age y passer beaucoup plus de temps voir tout leur temps libre.
Comment le new-age met-il sous emprise via Internet?
Un futur adepte new-age arrive sur internet pour avoir une information sur un sujet. Il a possiblement entendu parler de certaines théories par le bouche à oreille, il a vu un livre en librairie, vu une publication via les algorithmes… Piqué par la curiosité il va chercher à en savoir plus.
Beaucoup de théories new-age ne sont pas vendues pas comme telle. Elles sont aujourd’hui si imbriquées dans tellement de domaine différents, qu’elles passent inaperçu. Le new-aga avance ses pions de façon masquée. Bien souvent, lorsqu’on se renseigne sur un sujet, nous n’avons aucune idée que ce sujet à une origine new-age.
L’évolution à travers les théories new-age se fait crescendo et l’adhésion peut être plus ou moins rapide sans que l’on s’en rende compte.
Lors d’une première approche, l’adepte en devenir va commencer à multiplier les ressources concernant son objet de recherche, une vidéo Youtube, un article, un compte sur les réseaux sociaux. Les algorithmes feront ensuite leur travail en proposant du contenu similaire.
Comme les thématiques new-age sont généralement transversales, il est probable qu’en s’interessant à un sujet, d’autres apparaissent à la connaissance du futur adepte, qui va poursuivre son intêret pour ces autres sujets transverses.
C’est ainsi que lorsque j’ai souhaité avoir plus d’information sur la médiumnité, avant d’entrer dans le new-age, les notions d’énergies, de taux vibratoire sont arrivées à moi et ce malgré moi… Le new-age, dans son approche est comme une arborescence, un sujet en amène un autre. Plus on avance dans cet arborescence, plus on entre dans le vif de la pensée new-age et plus on passe son temps à chercher des informations.
Les techniques marketing utilisées par le new-age sont celle d’une vitrine alléchante. Les mots employés, les théories semblent simples et sont donc séduisants. On y injecte du bon sens, édulcoré par des mots scientifiques, et le pilule passe. Puis on commence à se sentir privilégié. On nous injecte l’idée que nous avons accès à certaines connaissances, que l’on est bien plus qu’un simple être humain. On commence petit à petit à se reconnaitre dans les définitions de l’être “éveillé”.
Cette curiosité et cette séduction bien installées font que l’adepte va s’investir encore davantage. Il va commencer à vouloir échanger, rencontrer des personnes qui pensent de la même façon, d’autres personnes qui se sentent aussi “éveillées”.
Les réseaux sociaux sont parfais pour cela, surtout au travers des groupes d’échanges comme on en trouve sur Facebook.
De cette communauté peut naitre la sensation d’avoir trouvé sa famille. Le new-age n’hésite pas explorer la notion que les personnes extérieures ne comprendront pas ce qu’il se passe pour le futur adepte. Le new-age sous entend donc, que les seules personnes pouvant comprendre sont celles qui se trouvent dans les groupes d’échanges. Les réseaux sociaux et le new-age deviennent petit à petit un échappatoire à un monde auquel l’adepte pense ne plus appartenir.
Telle nait la dérive à travers les réseaux sociaux. La personne est abondée de contenus, elle s’isole pour s’en abreuver. Elle souhaite échanger, et s’isolera davantage pour ne s’entourer que de personne qui partagent ses idées.
Le new-age commence à prendre tellement de place par le simple usage des réseaux sociaux , qu’il peut pousser à remettre en question son mode de vie, remettre en question son entourage. Il peut aussi pousser à dépenser une fortune dans des formations vendues comme étant réservés aux éveillés et à ceux ayant atteint un certain niveau de conscience.
Internet semble un outil si innocent, où la distance perçue grâce à un écran nous fait penser que l’on est protégé. Ce n’est absolument pas le cas. Une emprise mentale et une dérive peuvent facilement naitre à travers Internet et notamment les réseaux sociaux. Il ne suffit pas d’être en présence direct avec une personne pour entrer sous emprise.
Ressources:
https://www.ladn.eu/media-mutants/reseaux-sociaux/sectes-reseauxsociaux/